Synthèse de l’apéro lyonnais du 28 juin 2023

Le dernier rendez-vous lyonnais avant l’été a abordé la thématique de l’emploi et de la formation à la conduite chez les exploitants de transport, avec deux invitées : Emmanuelle Saucaz, responsable de formation chez Transdev Rail Rhône et Sabrina Gasmi, responsable recrutement et mobilité chez Keolis Lyon.

Pour commencer, nos expertes ont rapidement retracé leurs parcours professionnels. Après une formation en école d’art lyonnaise, puis un parcours dans la presse écrite et le commercial, Emmanuelle Saucaz a trouvé du sens dans un métier de conductrice de car de tourisme puis en tant que responsable d’équipe sur une ligne de tramway. Depuis 2013, Emmanuelle est responsable de formation pour les agents de bords, les conducteurs et les conductrices au sein de Transdev Rail Rhône. Ce qui la motive : « aller travailler tous les matins avec plaisir », « faire évoluer les personnes », « les rencontres humaines ». Elle est convaincue que la partie technique du métier s’apprend. « N’importe qui peut apprendre à conduire » affirme-t-elle. « Ce qui est important est de prendre plaisir à faire son métier, d’aimer le contact, les relations humaines … et c’est justement cela que j’essaye de transmettre dans nos formations, de façon ludique, sans négliger bien évidemment l’aspect sécurité ».

De son côté, Sabrina Gasmi, après un diplôme en communication d’entreprise, puis en ressources humaines, intègre le secteur de la logistique puis celui du transport de voyageurs. Actuellement, elle est Responsable recrutement et mobilité chez Keolis Lyon. « J’anime le plan de recrutement ambitieux de Keolis Lyon sur l’ensemble des métiers de l’entreprise, ce qui inclut les métiers de la conduite, et pilote l’accompagnement des collaborateurs dans leurs projets de mobilités ». Keolis, c’est 4 600 salariés, dont 2 800 conducteurs.

Concernant les difficultés grandissantes de recruter des conducteurs et des conductrices, Sabrina avance plusieurs raisons :

-        La méconnaissance des métiers du transport. « Tout le monde pense connaître le métier de conducteur : il « suffirait » de conduire des personnes d’un point A à un point B. L’opinion publique le perçoit comme un métier peu qualifié », observe Sabrina. En réalité, les métiers de la conduite nécessitent de vraies compétences techniques, qui peuvent s’acquérir par des formations : règles de conduite, règles de sécurité. Par ailleurs, les conducteurs doivent être capables de pouvoir gérer des situations complexes et variées, liées aux imprévus, aux aléas de la circulation, aux comportements des passagers, etc.

-        Les a priori. « Il y a beaucoup de craintes, de peurs infondées par rapport aux métiers de la conduite. J’entends souvent de la part des femmes : « je n’aurai pas la force de conduire un tel engin », remarque Sabrina. La crainte des incivilités est également importante. « On médiatise beaucoup les incivilités, les faits divers malheureux. Mais on oublie de parler des liens qui se créent entre conducteurs et usagers, souvent des habitués, des jolis gestes du quotidien » regrette Sabrina. « Il faut davantage valoriser les réussites et donner la parole aux personnes qui sont sur le terrain » estime-t-elle.

-        Les horaires décalés ou les journées mixtes (avec des coupures). « On donne un planning à l’avance à nos conducteurs mais avec les aléas des absences, des congés, cela n’est pas toujours évident d’avoir des horaires stables, souligne Sabrina. « Les horaires décalés peuvent arranger certaines personnes, estime de son côté Emmanuelle. Je connais beaucoup de conducteurs ou de conductrices qui sont très contents de travailler du matin ou du soir et d’avoir ainsi du temps en journée pour leur vie personnelle et familiale ». Elle constate que ce sont souvent les femmes qui demandent à être du matin pour ensuite enchaîner avec leur 2ème journée : courses, enfants, etc. Autre point positif : le grand respect du droit du travail, notamment par rapport aux heures travaillées, contrairement à la restauration par exemple où les heures supplémentaires sont monnaie courante.

Pour élargir son vivier, Keolis a décidé de recruter sans CV. « Nous recrutons avant tout des personnalités, des compétences comportementales » explique Sabrina. Ce qui compte, c’est leur force de caractère, leur volonté ». Parmi les savoir-être importants : le sens des responsabilités avec les notions de sécurité, le sens du service, le respect des consignes/règles/procédures et l’esprit d’équipe.

« Peu importe d’où vient la personne, ce qui importe c’est comment elle se projette demain sur le métier de conducteur de bus ou de tramway ». La responsable recrutement évoque aussi les partenariats avec les structures d’insertion, les job dating, les journées découverte, avec la possibilité de tester un simulateur de conduite.

Pour Emmanuelle, il est possible d’accrocher des candidats par le côté commercial/relations avec les clients (métier d’agent de bord) et ensuite de les former à la conduite.

Pour elles, les difficultés de recrutement existent depuis quelques années déjà, mais elles se sont renforcées depuis la crise sanitaire. « Durant le Covid, beaucoup de personnes se sont remises en question. Les salariés aspirent à moins de contrainte, à plus de confort de vie. Leurs exigences sont différentes » observe Emmanuelle.

Toutes les deux observent une très grande diversité dans les profils de nouvelles conductrices et conducteurs, avec parfois des reconversions assez étonnantes : une ancienne commandante de bord, un ancien manager de restaurants, etc. Une fois recrutées, ces personnes bénéficient de programmes de formation et d’accompagnement. « Alors qu’il n’y a que 20% de femmes dans le secteur du transport, la mixité dans les métiers de la conduite est un enjeu très important » soulignent-elles toutes les deux.

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