Synthèse de l’apéro avec Amélie Guicheney
« Je voulais un vélo qui facilite la vie des familles »
Dans le cadre de notre thématique Vélo, Amélie Guicheney, co-fondatrice de GAYA Bike, était notre invitée d’honneur à l’occasion de l’apéro parisien du 16 mai 2023. Elle nous a accueilli·e·s dans le showroom de l’entreprise, le long du Canal Saint Martin, lieu prisé par les cyclistes.
La crise du Covid et la maternité ont été les deux principaux déclics qui ont incité Amélie Guicheney à se lancer dans l’entrepreneuriat en 2021. Petit retour en arrière : après des études de commerce à l’EM Lyon, Amélie travaille pendant 8 ans pour un cabinet de conseil en stratégie et en marketing, puis pour la start-up Evaneos (voyages responsables). La crise du Covid est cruelle pour le tourisme et elle profite d’un PSE début 2021. Mère d’un petit garçon de 9 mois, Amélie juge que c’est le bon moment pour « se lancer de l’autre côté de la frontière ». S’ensuit une période d’introspection pour trouver la raison d’être de son projet entrepreneurial. « Deux principes m’ont guidée : comment contribuer à mon échelle à changer Paris et à faire en sorte que mon petit garçon grandisse dans une ville plus apaisée et plus sûre. Par ailleurs, je suis fascinée par les solutions qui facilitent le quotidien. J’ai donc eu envie de proposer un produit innovant qui permette d’alléger la charge mentale des familles urbaines. La mobilité me permettait de réunir ces deux éléments ! » explique la jeune femme. Ainsi est née GAYA !
Elle s’associe avec Jacques Bonneville, ingénieur et expert de la mobilité. « Jacques a fait ses classes chez Valéo, avant de lancer les vélos électriques chez Matra, puis les scooters électriques chez Peugeot ». Pour l’amorçage de GAYA, ils se font financer par un fonds d’investissement.
Amélie interroge des parents, et notamment des mères de familles nombreuses, afin de bien cerner leurs attentes et leurs besoins. « Il y a eu ensuite un jeu de « ping pong » entre Jacques et moi. J’arrivais avec des besoins utilisateurs et Jacques recherchait une solution technique. Il a apporté des innovations transsectorielles puisqu’il a une vision plus large qu’uniquement celle du vélo ». Par exemple, souvent les femmes n’osent pas lâcher le guidon pour indiquer leur changement de direction. « Jacques a proposé d’installer des clignotants de scooter sur nos vélos ».
La conception des vélos GAYA vise à répondre à plusieurs attentes des familles urbaines : un usage quotidien, une prise en main agréable et la sécurité à bord. Cela s’est traduit par différents aménagements : un démarreur pour avoir une bonne stabilité, les clignotants avant et arrière, un klaxon, un système antivol avec traçage GPS, un porte-bagage intégré dans le cadre capable de porter 1 adulte ou 1 enfant, des pneus blancs bien visibles, etc. GAYA propose également un modèle allongé afin de pouvoir emmener 2 à 3 enfants. Deux modèles de batterie sont proposés (70 km ou 100 km), qui correspondent « à une semaine d’usage, avec des petits trajets quotidiens ». Et enfin l’entreprise a tenu à proposer des tarifs abordables, malgré la technicité de leurs vélos.
Depuis son lancement, GAYA a vendu un millier de vélos. Sa clientèle est essentiellement féminine. « Nous répondons à leurs deux principales demandes : être pratique et offrir une conduite rassurante » résume Amélie. Ce qu’elles plébiscitent : les porte-bagages sécurisés, les clignotants et le démarreur.
« On note deux décrochages dans la pratique du vélo par les femmes : à l’adolescence et lorsqu’elles deviennent mères. GAYA contribue à combler ces décrochages » estime la chef d’entreprise.
Comme l’a rappelé Marie-Xavière, ce qui freine l’usage du vélo chez les femmes, c’est avant tout le manque de sécurité. « A Paris, depuis les plans vélos de la Mairie et la mise en place d’aménagements sécurisés, on voit de plus en plus de femmes cyclistes à Paris, se réjouit-elle. C’est le niveau de parité entre cyclistes qui permet de dire si une ville est cyclable ».
Aujourd’hui, GAYA emploie une dizaine de personnes (conception, logistique, marketing, digital & expérience client, responsable boutique). Les vélos sont assemblés en Europe de l’Est, puis expédiés à Meaux, dans un atelier adapté, où chaque commande est préparée une à une selon les options demandées avant d’être expédiée au domicile des clients. Les ventes se font sans intermédiaire, soit via le site, soit via leur showroom ouvert 7 jours/7, depuis juin 2022. Pour la maintenance et la réparation, GAYA a conclu un partenariat avec un réseau de réparateurs qui disposent de 400 points en France et dispose également d’un stock de pièces de rechange.
Amélie se réjouit du lancement du Plan vélo et marche annoncé début mai, avec 6 milliards d’euros qui seront investis d’ici 2027, et 3 principaux volets : aides à l’achat, développement des infrastructures et soutien à la filière industrielle du vélo.
Prochaines étapes pour GAYA : lancer une nouvelle gamme de vélos, inspirée de très nombreux retours utilisateurs, relocaliser l’assemblage en France et se développer sur les marchés limitrophes de la France.