Quelques mots sur Anne Yvandre-Billon, Vice-présidente de l’Autorité de régulation des transports (ART) :
Anne YVRANDE-BILLON est Vice-présidente de l’Autorité de régulation des transports (ART) depuis novembre 2014 et occupera, à compter du 1er septembre 2020, le poste de directrice « Economie, marchés, numérique » à l’ARCEP (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes). Elle préside actuellement le bureau du Network of Economic Regulators (NER) de l’OCDE.
A l’Autorité de la concurrence, où elle travaillait auparavant (2011-2014), elle a été économiste sénior puis d’adjointe au chef du service des concentrations. Avant de rejoindre l’Autorité de la concurrence, elle était conseillère scientifique au Conseil d’analyse économique (CAE), un organe consultatif indépendant placé auprès du Premier ministre.
Elle est titulaire d’un doctorat en sciences économiques de l’université Paris Sorbonne, où elle est maître de conférences depuis 2003. Ses travaux de recherche et publications portent principalement sur l’économie des contrats et la régulation des industries de réseaux, en particulier le secteur des transports.
Elle a été élevée au grade de Chevalier de l’Ordre national du mérite en mai 2016 et a été désignée en février 2019 par la plateforme Women@Competition comme étant l’une des 40 femmes quadragénaires ayant une action notable dans le domaine de la concurrence.
L’apport du monde de l’innovation dans la gestion de la crise sanitaire
L’apéro de rentrée Femmes en Mouvement à Lyon, c’était mardi 22/09 : nous avons parlé Innovation, Travail collaboratif en situation de crise, Transport et Mobilité autour d’une drôle de borne !
Un sujet d’actualité en pleine semaine de la mobilité :
Les intervenantes Hélène Lorenzi-Hardouin de LBA et Emilie Butel du Sytral nous ont présenté comment, en plein état d’urgence Covid-19, dans une PME à l’arrêt comme dans une collectivité en pleine crise, des idées concrètes et solides ont pu émerger de la tourmente.
Comment chacun des deux univers, pourtant si différents d’apparence, a su adapter savoir-faire et capacité d’innovation, pour proposer des solutions efficaces : l’une centrée sur ses usagers des transports collectifs de Lyon et l’autre sur le maintien de son activité de PME et la pérennité des emplois de ses 140 salariés.
L’histoire de chemins croisés à la naissance de Miss Clean : une borne sécurisée pour le nettoyage des mains totalement adaptée à l’espace public, prévue pour un usage massif et résistant au vandalisme et de celui d’une collectivité, de ses délégataires et partenaires, qui mettent tout en œuvre pour assurer la sécurité sanitaire de leurs usagers et personnels, leur imposant de tutoyer de toutes nouvelles compétences en un temps record.
Quelques mots au sujet des intervenantes de cette rencontre :
Hélène Lorenzi-Hardouin a rejoint le groupe LBA en janvier 2020 comme Directrice Générale Adjointe.
Architecte et Urbaniste de formation, son double cursus la rend extrêmement engagée dans la conception de la ville durable et de ses aménagements, et ce depuis 20 ans au sein des groupes Poste Immo puis Artelia avant de rejoindre le groupe La Barrière Automatique & Amco.
Dans son approche, l’innovation est une démarche collective de bon sens et de réponse à un besoin émergent. En s’appuyant sur des connaissances et forces déjà connues, cette posture permet de créer des solutions efficientes tout en imaginant l’évidence.
Emilie Butel a rejoint le SYTRAL en janvier 2019 comme Directrice de l’Innovation.
Ingénieure INSA de formation, sa carrière a été jalonnée de projets innovants d’infrastructure et d’équipements au service de mobilités collectives ou partagées, pendant 16 ans sous le prisme de l’ingénierie des transports, au sein des groupes Egis puis Verdi Ingénierie avant de rejoindre le SYTRAL.
Bien qu’ayant une forte appétence pour les nouvelles technologies, elle veille à ce que l’innovation soit avant tout d’être créatrice de valeur, et parfois, simple et pragmatique, elle peut tout à fait naître loin du champ des défis technologiques.
Regards croisés sur une rencontre entre une PME et une collectivité en période de confinement…
A la suite de la crise sanitaire, le groupe La Barrière Automatique a subi un arrêt brutal de son activité : 140 personnes en charge de la fabrication de bornes escamotables et de barrières de sécurité adaptables en milieu urbain, industriel ou sur les axes autoroutiers, se sont retrouvés à l’arrêt du fait de l’indisponibilité des transporteurs et de leur réseau d’installateurs. Il n’était plus possible de fournir les clients même si la production 100% française de la PME avait la possibilité de continuer avec le protocole sanitaire strict qu’elle avait mis en place pour réapprovisionner la fabrication.
La collectivité territoriale de son côté avait pour nouveaux défis de désinfecter quotidiennement les véhicules, trouver des moyens pour offrir à ses usagers la possibilité de se désinfecter les mains, protéger ses personnels, gérer les flux de circulation des usagers et leur signaler sur le réseau les gestes barrière à respecter, ou enfin inventer des solutions pour limiter les contacts tactiles sur le réseau. Dans le contexte de la commande publique, la mise en concurrence est imposée et elle est peu compatible avec la nécessité de mettre en œuvre très rapidement des solutions pragmatiques.
Par le biais de l’expérimentation, seule solution possible pour une situation exceptionnelle, le Sytral s’est mis en posture de chasse et de mise en veille en coordination avec ses délégataires, les équipes de la métropole et l’écosystème du transport public en France et à l’international.
Le groupe LBA, déjà connu par la Métropole de Lyon via la qualité de ses mobiliers urbains de sécurité, a résolu la question que cette dernière lui a posé pour répondre à son devoir de protection sanitaire de ses habitants : comment offrir une solution gratuite, accessible et protégée d’hygiène publique ? et ceci dans un contexte de pénurie de gel et de panique générale. Autrement dit comment utiliser du mobilier urbain de qualité déjà reconnue, et qui a prouvé son efficacité, pour devenir également une solution « barrière » à l’épidémie !
La conception de la barrière de gel : de l’idée à l’action
Comment proposer des diffuseurs de gel, dans des contenants robustes qui puissent servir le public ? En faisant le point sur les stocks des ateliers, Hélène Lorenzi-Hardouin et son équipe ont constaté que les totems urbains de feux pour les bornes escamotables, mobilier urbain solide, étaient parfaitement adaptés pour répondre à ce besoin. Les équipes ont alors adapté leurs savoir-faire et la chaîne de production en en temps record : des produits solides, pérennes et réversibles ont alors été transformés en distributeur de gel. « Nous nous sommes tournés vers des fabricants de gel qui étaient débordés et en rupture pour adapter leurs pompes de distribution dans nos bornes. Ils ne savaient pas proposer une technologie de distribution immédiate et résistante pour la distribution de gel dans l’espace public. Nous avons donc inventé notre propre solution intégrant une distribution sans contact connectée et pilotable à distance »
« En temps normal, les développements peuvent parfois durer un an pour proposer un produit : dans la situation de confinement, l’urgence et le travail commun avec nos commanditaires ont permis de réduire la création de ce produit à moins d’un mois grâce à un véritable élan des salariés pour trouver ensemble une solution. »
Proposer un produit sécuritaire dans des espaces publics souterrains…
Un problème de taille s’est présenté aux équipes du Sytral en charge de trouver une solution de désinfection pour les mains des usagers : le liquide gel hydroalcoolique est un produit inflammable donc impossible à proposer dans des espaces publics souterrains qui accueillent du public.
Il fallait donc partir en quête d’un produit non inflammable dimensionné pour le métro avec une cadence d’utilisation qui ne soit ni trop cher compte tenu de la quantité nécessaire à un réseau de transport de la dimension de Lyon, ni trop détergent ou nocif pour l’environnement ou les matériels c’est à dire avec des produits naturels.
Emilie Butel nous explique le travail de veille du Sytral et la quête de solutions propres, désinfectantes, efficaces contre le Covid, en quantité, à un prix acceptable et si possible françaises pour aboutir à des pistes pertinentes. La société Aquama est alors rentrée en jeu avec sa solution singulière basée sur un principe d’hydrolyse.
En se coordonnant avec la Métropole sur ses propres avancées, le Sytral découvre la borne de LBA et fait découvrir Aquama à LBA qui teste le produit dans sa borne avec succès.
En croisant ses retours d’expérience avec une autre autorité organisatrice et pas des moindres, Ile de France Mobilité, le Sytral présente ces deux produits et opportunités à cet acteur et les possibilités se croisent et croissent. Le Sytral a alors joué son rôle de mise en relation entre les industriels du désinfectant et la PME LBA : en fusionnant le contenant sécurisé et le produit qui remplissait les besoins sécuritaires, tarifaires et environnementaux… LBA a fait évoluer son produit final et le Sytral répondait aux exigences imposées pour sécuriser le système de transport urbain.
L’innovation et l’urgence un apporteur de solutions….
Car même si les valeurs sont partagées par tous, au quotidien, la transversalité et la prise de recul sont souvent difficiles car elles semblent trop chronophages à tous. La gestion d’une crise impose à tous une mise en situation pour appréhender les difficultés des métiers d’à côté et rapidement les solutions arrivent et se dessinent en équipe.
Dans la collectivité territoriale, l’enjeu de la crise sanitaire était un sujet supplémentaire à traiter dans l’urgence, venant s’ajouter et perturber l’avancement des projets. L’innovation a pu prouver sa capacité à apporter des solutions plutôt que de demander une énergie qu’habituellement on rechigne à libérer. Le travail collaboratif a permis agilité et réactivité à tous les étages et ainsi de lever les différents obstacles un par un : le prix, l’origine, la résistance, la solidité, l’absence de toxicité, l’absence d’agents inflammables, l’impact sur la propreté, … L’agilité a été incroyable, l’objectif commun était le problème à résoudre, le mode de fonctionnement l’a permis dans un processus de proximité géographique durable.
Et ensuite : Qu’est-ce qu’on fait de ce travail collaboratif et de cette expérimentation ?
Un lien extraordinaire s’est créé, sans « barrière » entre 2 mondes très différents, en s’investissant dans un but précis et vertueux. Le sujet du développement durable a également garanti et obligé à trouver des solutions pour l’avenir. La temporalité a été modifiée et pris une autre envergure.
L’innovation seule est déjà ancrée dans les habitudes dans le secteur de la mobilité et du transport ainsi que chez LBA mais l’intérêt dans la situation du 1er semestre était que l’innovation est bien partie du besoin, et de façon commune à 2 structures. L’innovation, parfois ou souvent perçue comme un « poil à gratter » déstabilisant sans cesse des organisations solides et efficaces dans leurs missions premières est enfin apparue dans toute sa force face à la tourmente. Ce sont les besoins fonctionnels qui ont guidé les différentes structures dans leurs démarches respectives et démonstration est faite de la puissance de la co-conception !
Remarque de la Métropole de Lyon : l’expérience de LBA sur le territoire du Grand Lyon a permis d’emblée une grande confiance dans la réflexion, quand la PME est venue avec son idée de transformation, le Grand Lyon savait qu’il y avait une expertise et une garantie que l’outil allait bien s’insérer dans l’espace public. L’état d’urgence a permis d’accélérer les procédures d’appel d’offre pour agir pour la sortie de crise => 20 bornes sont actuellement au service de tous dans l’agglomération. L’énergie de chacun et la motivation commune ont permis cette réussite. Par ailleurs, l’état d’esprit collaboratif dans la gestion d’équipe et le relationnel lié à l’écoute des besoins font partie de l’ADN de LBA ce qui a facilité le travail commun et la bonne mise en œuvre du projet.
Question d’une adhérente : « Constatez-vous un changement dans les relations entre les équipes en interne et en externe ? Pensez-vous que hors situation de crise, ces relations peuvent-elles être durables ?
La réunion d’aujourd’hui est la réponse, il faut continuer à réseauter pour échanger et inventer ensemble. Les obligations en termes de commandes n’étaient pas habituelles, ont permis d’aller plus vite. Les modalités contractuelles sont donc à revoir pour rester durables hors situation de crise. La solution LBA avec Miss Clean est un cours de déploiement en France et à l’international pour d’autres types de structures recevant du public : écoles, centre commerciaux, ..le marché est donc ouvert sur d’autres expérimentations. C’est toute la difficulté de trouver et le contenant et le contenu pour l’adapter au lieu et au contexte.
Autre question d’une adhérente : Comment s’assurer de la pérennité dans les idées trop souvent arrêtées par une réglementation ou par la non-volonté à trouver une solution ?
L’humain compte beaucoup, l’adhésion de tous aussi, l’urgence du moment a poussé les murs et les idées. Les barrières ont sauté plus facilement. La réalité des équipes industrielles ou collectivité est qu’elles s’interdisent souvent de se rencontrer entre mondes différents, ce qui met des freins à la bonne prise en compte des besoins et à l’écoute.
La crise a mis sur « pause » un certain nombre d’habitudes et de non-remise en cause, et a poussé chacun dans son métier ou son activité à regarder et associer d’autres expertises.
Espérons que ce virage pris laissera des traces et permettra à l’avenir de s’ouvrir plus entre métiers, secteurs d’activité ou structures différentes !
Alors que l’économie est malade de la crise sanitaire, un secteur d’activité sort son épingle du jeu et fait face à des croissances à deux chiffres : le vélo et tout ce qui va autour !
Quelques mots au sujet de Céline Forestier, Directrice Générale de la chaîne de magasins Cyclable :
Sur son CV sont gravés les noms d’Air France, de Peugeot ou de Renault Trucks. Passionnée de voyage à vélo, « écolo » dans l’âme, Céline Forestier a bifurqué chez Cyclable, l’enseigne spécialisée dans le vélo qui prône la mobilité durable. Après 6 ans à la direction du Marketing & Communication de cette PME, elle vient d’en prendre la présidence, succédant au fondateur Boris Wahl.
Cyclable est le premier réseau de magasin de vélos spécialisé dans la mobilité douce, avec 55 boutiques en France, 3 en Suisse, la moitié en franchises.
Quelques mots au sujet de Marie-Christine Prémartin, Directrice exécutive de l’expertise et des programmes au sein de l’ADEME :
Au sein de l’ADEME, Marie-Christine Prémartin est chargée de définir, impulser et mettre en œuvre les actions stratégiques de l’Agence dans les domaines de la transition écologique, énergétique et climatique, et du programme des investissements d’avenir géré par l’agence.
Quelques mots sur Marion Tillous, enseignante-chercheuse en géographie et études de genre en poste à l’Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis (Laboratoire d’Études de Genre et de Sexualité – UMR 8238)
Issue des études urbaines, ses travaux portent originellement sur les pratiques et les représentations des espaces publics de mobilité. Sa thèse (soutenue en 2019 sous la direction de Francis Beaucire) traitait des déterminants de l’aisance au sein des espaces du métro parisien et de la manière dont l’attachement territorial à ces espaces améliore ou au contraire restreint cette aisance. Elle s’intéresse depuis aux effets des inégalités de genre en matière de mobilité, et en particulier au rôle que jouent les violences sexuelles dans la limitation des mobilités des femmes (cisgenres comme transgenres). Après avoir mené une recherche sur les controverses qui entourent l’introduction de voitures de métro réservées aux femmes comme réponse au harcèlement sexuel, elle travaille aujourd’hui sur les conséquences des violences conjugales sur la mobilité des femmes et sur le rôle des outils de géolocalisation dans le contrôle spatial au sein du couple.
Quelques mots au sujet de Renée Amilcar, Directrice Exécutive Exploitation Bus de la Société de Transport de Montréal (STM) :
Renée Amilcar est ingénieure, diplômée de l’école Polytechnique de Montréal en génie industriel (1996). Elle détient également une maîtrise en administration des affaires (MBA) de l’Université de Sherbrooke (2004).
Elle a fait son entrée à la STM en 2002 comme analyste principale à l’ingénierie bus. Elle a rapidement progressé dans différents postes, toujours au réseau des bus. En moins de dix ans, elle est nommée directrice de l’entretien Bus et devient la première femme au Québec à occuper ce poste. Elle acquiert une solide réputation grâce à ses capacités à comprendre les enjeux des opérations et à gérer des équipes nombreuses. Ses qualités de mobilisatrice émergent et démontrent la force de son leadership.
C’est ainsi, qu’elle est promue au poste de directrice exécutive en 2014. De 2014 à 2019, elle a été à la tête de la Direction exécutive Bus. Elle avait sous sa responsabilité plus de 5 300 employés affectés à la livraison du service, à l’entretien du parc de 1 800 bus et au transport adapté.
Depuis le début de l’année 2020, elle se concentre sur l’exploitation du réseau de bus et celle du transport adapté avec un budget de près de 500M$. Après l’avoir élaboré, elle pilote le projet phare du réseau bus de la STM, qui consiste à accroître de 15% le parc de bus en seulement 2 ans. Promotrice de projets clés pour l’entreprise, visionnaire et pragmatique, elle développe également la stratégie d’avenir du réseau électrique des bus de la STM dans la perspective de répondre aux enjeux de mobilité durable.
Première femme à présider le comité Bus de l’Union Internationale des Transports Publics (UITP), elle a su y insuffler un vent de changement. Forte de son leadership, elle a été élue, en juin 2019 à Stockholm, vice-présidente de l’UITP et siège depuis à l’exécutive board de cette organisation. Elle a également été récompensée par le prix Leadership Femme d’exception aux Mercuriades 2018 de la Fédération des chambres de commerce du Québec et ce, pour l’ensemble de sa carrière. Elle est membre de l’Ordre des ingénieurs du Québec et de l’International women forum (IWF).
Quelques mots au sujet de Marlène Dolveck, Directrice Générale de SNCF Gares & Connexions :
Marlène Dolveck débute son parcours professionnel en enseignant au lycée les Sciences économiques et sociales entre 1997 et 2001. Profondément sensible à l’intérêt général, elle rejoint le groupe La Poste puis le Crédit Agricole pour lesquels elle assure divers postes opérationnels en gestion de patrimoine, gestion des entreprises et ingénierie sociale.
En 2007, elle devient membre du comité du management et directrice régionale de diverses entités au sein du Groupe La Poste. Parallèlement, elle complète sa formation par un Master of Science Senior management bancaire à HEC (2009) et un Executive MBA à l’EDHEC Business School (2014). Marlène Dolveck est promue directrice nationale de la gestion de fortune BPE et membre du comité exécutif en 2016 au sein de La Banque Postale.
Désireuse de compléter son parcours par un poste à dimension internationale, elle rejoint HSBC en qualité de Head of omnichannel et membre du comité exécutif de la banque de détail et de la direction monde des activités à distance. Depuis le 31 janvier 2020, Marlène Dolveck est membre du Comex du groupe SNCF, directrice générale de SNCF Gares & Connexions (gestionnaire des 3 030 gares françaises, 1,5 Mds de CA, 4 700 collaborateurs), présidente du conseil de surveillance d’Arep (agence d’architecture, filiale de SNCF Gares & Connexions) et présidente du conseil d’administration de SNCF Retail & Connexions en charge du développement, de la commercialisation et de la gestion de l’offre commerciale en gare.
Quelques mots au sujet de Nastaran Vivan, Directrice Métier Génie Civil - Mobilités & Infrastructures - au sein du Groupe ARTELIA :
Née en Novembre 1963 à Téhéran, IRAN. Nastaran Vivan arrive en France en juin 1980 à l’âge de 16 ans pour poursuivre ses études. Avec un bac en poche 1981, Nastaran Vivan poursuit des études en Génie Civil au sein de l'INSA jusqu'en 1986. Après l'obtention de son diplôme d'ingénieure, Nastaran Vivan se lance dans une formation de Mastère à l’école des Ponts et Chaussées spécialité Ouvrages d’art en 1987.
Elle débute sa carrière le 1 juillet 1987 en tant qu’ingénieur ouvrages d’art. En 2003, elle rejoint Thales E&C devenu ARTELIA depuis, pour diriger le pôle ouvrages d’art. Elle évolue ensuite au sein d’ARTELIA pour diriger le département Infrastructure.
Depuis 2017, Nastaran Vivan occupe le poste de Directrice Métier Génie Civil assurant un rôle transversal d’animation, expertise et de développement de ce métier au sein du groupe ARTELIA. Depuis 2019, elle est également membre du Conseil d’Administration du Groupe ARTELIA.
Actuellement, Nastaran Vivan travaillesur des offres de conception/réalisation au sein d’un groupement composé d’entreprises de construction et d’ingénieries qui répondent aux appels d’offres lancés dans le cadre d’un dialogue compétitif pour plusieurs tronçons de ce métro par la Société du Grand Paris. Nastaran Vivan occupe le poste de directrice de la Maitrise d’œuvre Intégrée pour le tronçon de ce métro situé entre Pont de Sèvres et la Défense.
Durant sa carrière, elle évolue dans le monde de la construction des infrastructures, notamment celles liées au transport, sur des missions de conseil, études, expertises, maitrise d’œuvre études et travaux et ingénierie au sein des groupements construction/réalisation. En complément aux projets, elle a également eu des responsabilités de management, développement et gestion d’entités.
Quelques mots au sujet de Sonia Lavadinho, Experte en modes de vie et mobilités durables et Fondatrice du bureau d’études Bfluid spécialisé dans la recherche et prospective en mobilité et développement territorial :
Géographe, anthropologue et sociologue urbaine, spécialisée en psychologie systémique et proxémie, Sonia Lavadinho s’intéresse au facteur humain et comportemental et à l’impact des mutations des modes de vie sur le futur de nos villes.
Sonia Lavadinho possède une formation de base en psychologie systémique et psychologie cognitive, avec une spécialisation en psychologie sociale sur les dynamiques d’influence des minorités assurée auprès de quelques-uns des meilleurs spécialistes mondiaux du domaine, Willem Doise et Gabriel Mugny de l’Université de Genève, et elle a pu compléter sa formation par des spécialisations ultérieures en anthropologie urbaine, sociologie et géographie. Elle est diplômée du Mastère Développement urbain durable, gestion des ressources et gouvernance de l’Université de Lausanne et titulaire d’un doctorat en Géographie de L’ENS de Lyon. Ce bagage très solide en sciences sociales en fait une experte reconnue des dynamiques comportementales liées aux dynamiques socio-démographiques et leurs articulations avec les évolutions des modes de vie qui pourront découler de l’implémentation des projets urbains qui font l’objet des études d’impact, en jouant sur les facteurs qui mènent à leur plus grande acceptabilité. Sonia Lavadinho place sa perspective résolument du côté de la demande, notamment la demande latente, qu’elle explore par diverses méthodes d’interaction directe avec les participants.
Après une dizaine d’années dans le monde de la recherche à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne et l’ENS de Lyon, Sonia Lavadinho a fondé en 2012 son bureau d’études Bfluid, un cabinet spécialisé dans la recherche & prospective en mobilité et développement territorial durables. Sonia Lavadinho poursuit parallèlement ses activités dans l’enseignement comme professeur invité à l’Institut Palladio, à Paris 1 Sorbonne, à l’ENPC, à l’ENTPE et à l’Ecole Nationale du paysage de Versailles. Elle intervient aussi sur invitation dans de nombreuses autres écoles d’Architecture, de Design et de Santé publique, en Suisse, en France, en Belgique, au Canada et en Argentine.
Sonia Lavadinho a consolidé au fil de ces 15 dernières années son expertise portant à la fois sur les modes d’habiter, de travailler et de se déplacer et sur les usages des espaces publics en lien avec l’essor de cette économie expérientielle. Elle travaille en étroite collaboration avec les collectivités, les opérateurs de l’immobilier, de l’urbanisme commercial et du transport afin d’imaginer des concepts novateurs visant à augmenter la durabilité des modes d’habiter, de travailler et de se mouvoir en ville et participe à leurs côtés à la conception d’expérimentations grandeur nature afin d’évaluer les changements de comportement induits par la transformation des espaces de vie et de mobilité au quotidien.
Sonia Lavadinho construit également des nouveaux indicateurs permettant de mesurer la vitalité des centre-villes et de leurs périphéries, et est l’auteur de plusieurs ouvrages et chapitres d’ouvrages collectifs ainsi que de nombreux articles scientifiques sur la géométrie des réseaux, la marchabilité et l’accessibilité multimodale et les usages des espaces publics publiés dans des revues professionnelles de référence (Urbanisme, Traits Urbains, Technicités, Urbia, etc.). Sonia Lavadinho est par ailleurs une experte reconnue de l’activité physique en lien avec la promotion de la santé et la prévention de la sédentarité par le biais de l’activation des espaces publics, notamment ceux qui font appel aux dynamiques de proximité. Ses travaux sur la Ville du Dehors démontrent l’intérêt d’une politique publique renforçant la place du corps en mouvement dans les espaces publics urbains et les opérations d’aménagement mixtes, visant une meilleure santé des populations, une plus grande diversité des usages et plus de cohésion sociale et intergénérationnelle.
Quelques mots au sujet de Louise Roussel, cycliste et autrice du livre « A vos cycles ! », le Guide du Vélo au Féminin :
Louise Roussel envisage le vélo comme une philosophie de vie. Après de nombreux voyages en solitaire à travers l’Europe, elle décide de faire partager ce moyen d’émancipation et de bien-être. Elle organise des événements autour du vélo, des initiations au gravel dédiées aux femmes, des micro-aventures sur deux roues. En 2018 elle crée l’association VAI MA POULE, qui organise des randonnées, bivouacs et ateliers mécaniques avec des réfugié.es et demandeur.euses d’asile. Elle devient ensuite responsable communication d’une marque de vélo et écrit régulièrement pour des médias d’aventure ou de vélo.
Infos pratiques : A vos cycles ! Guide du vélo au féminin, de Louise Roussel. Editions Tana. Prix : 22€.
En librairies le 6 mai.
Avec l'aimable autorisation de Enlarge Your Paris, nous vous proposons de retrouver ci-dessous une interview de Louise Roussel :
A l'heure où le vélo fait de plus en plus d'adeptes, Enlarge your Paris s'est entretenu avec Louise Roussel qui publie l'excellent "A vos cycles ! Guide du vélo au féminin" en librairie à partir du 6 mai. Ou pourquoi il est temps que les femmes disent stop au régime sans selle.
Comment est née l’idée de ce Guide du vélo au féminin ?
Louise Roussel : La première personne qui m’a fait monter sur un vélo ; celle avec qui j’ai débuté le vélotourisme ; celle qui m’a accompagnée sur mes premières longues distances… Je me suis rendue compte qu’à chaque fois, ces personnes étaient des femmes. Il y a donc de nombreux exemples de femmes qui pratiquent le vélo mais ils ne sont pas visibles. Au départ, je voulais faire le portrait de toutes ces femmes et puis j’ai rédigé une première partie qui est à la fois un récit de mon parcours – mon exemple montre que la pratique du vélo est à la portée de toutes – mais aussi des conseils pour s’y mettre. Les portraits viennent ensuite enrichir le guide.
En vous lisant, on réalise la dimension politique que revêt une femme à vélo…
Quand on porte viscéralement un sujet, tout devient politique. D’ailleurs, aux USA ou au Royaume-Uni, le vélo était l’un des symboles de la lutte des suffragettes : il leur permettait de se déplacer, de manifester, de transporter des pancartes… Je cite d’ailleurs cette phrase de la suffragette américaine Susan B. Anthony qui, en 1896, déclarait : « le vélo a plus fait pour l’émancipation des femmes que n’importe quelle chose au monde. » Et c’est vrai qu’en tant que femme qui fait du vélo, j’affirme que je peux aller où je veux, quand je veux, le tout sans dépenser d’argent. Dans le livre, j’évoque l’association Passer’elles à Lille qui enseigne à des femmes de quartiers populaires comment faire du vélo. Grâce à cela, ses femmes reprennent possession de leur corps, de l’espace. Elles se réapproprient leur mobilité, découvrent de nouvelles activités. Et si on veut que plus femmes se mettent au vélo, là aussi c’est éminemment politique. Cela nécessite de sécuriser l’espace public et les infrastructures.
Justement, un certain nombre de femmes hésitent à se mettre à la pratique du vélo en ville parce que cela semble peu sécurisant. Comment dépasser cette appréhension ?
Je pense que cela peut passer en premier lieu par l’équipement. Avec un casque et une veste réfléchissante, on est plus visible et on se sent donc plus en confiance. Il faut aussi se dire qu’avec l’habitude, en maîtrisant de mieux en mieux ses itinéraires, on gagne en assurance sur la route. Et puis je crois qu’il faut dédramatiser cette pratique. Globalement, sur un vélo, l’attitude est plus positive. Quand deux vélos se rentrent dedans, par exemple, les réactions des usagers sont beaucoup plus bienveillantes que dans le cas où un automobiliste emboutit le véhicule d’un autre. Un sourire, un « je suis désolée » et l’affaire est pliée !
Vous évoquez les villes où des femmes constituent des groupes de cyclistes. Quel est l’intérêt de ces collectifs ?
Effectivement, dans plusieurs villes, il existe des groupes de femmes qui choisissent de rouler ponctuellement ensemble. C’est le cas des Ovarian Psycos de Los Angeles ou des Women Ride à Nantes. Il existe des groupes mixtes, mais, dans un premier temps, on peut avoir peur de ne pas tenir la distance, d’être à la ramasse sur les questions techniques, de se faire lâcher. Les groupes de femmes permettent de prendre confiance et d’aborder aussi des sujets très féminins comme la pratique du vélo pendant les règles par exemple. Ces moments de non-mixité sont importants parce que, on le sait bien, les magasins de vélos comme les ateliers de réparation demeurent des espaces très genrés. Or, prenons l’exemple d’un atelier de réparation : les hommes vont avoir tendance à faire à votre place. Bilan : vous n’aurez pas appris à réparer vous-même votre vélo.
Dans le Grand Paris, avez-vous des lieux ou des associations vers lesquels les femmes peuvent se tourner ?
Il y a bien sûr les GOW : Girls On Wheels. Elles proposent notamment des sorties à vélo entre filles le mercredi soir. Je pense aussi à La Cycklette qui organise des ateliers d’auto-réparation. On peut aussi compter sur l’association Paillettes et Cambouis qui associe cyclisme, féminisme et rendez-vous festifs. Le vélo est un vrai outil d’empowerment !
Enfin, quel vélo conseillez-vous à une femme qui voudrait se mettre à une pratique plus régulière du vélo ?
Je lui dirais de prendre un bon vélo polyvalent. Comme par exemple un vélo de randonnée (ce qu’on appelle le VTC) ou alors un Gravel, qui est à mi-chemin entre le vélo de route et le VTT.
Quelques mots au sujet de Lucie Azema, journaliste et autrice de « Les femmes aussi sont du voyage - L'émancipation par le départ » :
Lucie Azema, 31 ans, est journaliste. Voyageuse au long cours, elle a vécu au Liban et en Inde avant de s’installer à Téhéran en 2017. Elle écrit pour Courrier international.
Quelques mots au sujet de son livre :
Pendant qu’Ulysse parcourt le monde et enchaîne les exploits, Pénélope demeure immobile, supporte l’attente, tisse et détisse son ouvrage afin de rester fidèle à son époux. Quand l’homme part, la femme l’attend.
Les femmes sont historiquement des êtres captifs, en cela le voyage est l’un des moyens les plus symboliques pour s’affranchir de leur condition : voyager pour une femme, constitue un acte fondateur ; c’est dire « je vais où je veux, je ne suis qu’à moi ».
Convoquant les histoires vraies de la littérature de voyage (Nellie Bly, Anita Conti, Isabelle Eberhardt, Ella Maillart, Sarah Marquis, Annemarie Schwarzenbach,) et son expérience personnelle (dix ans d’arrivées et de départs), l’auteure évoque les territoires érotisés (comme le harem), dénonce une forme de trahison des imaginaires et s’intéresse à la tension entre voyage et maternité.
Après dix ans d’arrivées et de départs, Lucie Azema avance qu’il faut être libre « de » voyager et être libre « pour » voyager. Les femmes aussi sont du voyage s’adresse aux femmes qui sont déjà parties et celles qui n’oseraient pas encore.
Infos pratiques : Les femmes aussi sont du voyage de Lucie Azema. Editions Flammarion. Prix : 20€.
Quelques mots au sujet de nos deux invitées d'honneur :
Catherine David
De formation ingénieure à l’INSA, Catherine commence sa carrière dans les systèmes d’informations pour rapidement venir sur les sujets des déplacements et de la mobilité à la Communauté Urbaine du Grand LYON pour mettre en place un BE. Puis un poste dans les pilotages de grand projet comme la salle 3000 et la cité internationale lui permettra une expérience très enrichissante avec 300 entreprises en chantier. Par la suite, le pilotage de grands projets d’infrastructures et toutes les questions d’accessibilité qui vont avec en collaboration avec le Sytral, permettent ensuite à Catherine de traiter de l’aménagement de l’espace public à la direction de la voirie, où elle est plus dans des fonctions de management, riches humainement.
Nadine Sulzer
Directrice adjointe de la Direction du Développement, de la formation continue et de l’international, Nadine est en charge des partenariats et des relations entreprises depuis 9 ans à l’ENTPE. Elle a auparavant travaillé pendant plus de 10 ans à la direction générale des infrastructures, des transports et de la mer, principalement sur des projets de lignes ferroviaires nouvelles à grande vitesse, du suivi des études à la dévolution des contrats et au financement de ces grandes opérations. Après un diplôme de l’Institut d’études politiques de Strasbourg et de l’Institut des hautes études européennes, elle a choisi de rejoindre le Ministère de la transition écologique pour pouvoir travailler sur des opérations techniques structurantes et durables, à l’interface des sphères techniques, juridiques et administratives. Le choix de cette administration était motivé par la forte culture technique de ce ministère, qui permettait de travailler dans un environnement professionnel diversifié mélangeant une grande variété de profils.
Post-Apéro
La transformation des métiers de la mobilité est le sujet phare de notre apéro du 24 juin à Lyon : à la fois avec une perspective de formation, et à la fois une vision aménagement et changement des comportements notamment induit par la vision féminine dans un environnement auparavant essentiellement technique et historiquement masculin !
Un premier axe autour de la mise en lumière de cette filière : En quoi la formation a un rôle à jouer pour permettre à plus de femmes de se projeter et de se former dans les métiers des transports et de la mobilité ? avec une diversité et une richesse des métiers de la mobilité, souvent méconnue du public.
Et un deuxième axe vu d’une collectivité, pourquoi et comment ont évolué la place et les métiers occupés par les femmes ? La jeune génération et la présence des femmes ont bousculé les services de mobilités, entre innovation et consommation.
Quel regard les femmes peuvent-elles jouer dans la conception de ces espaces ? Un panel de métiers large intégrant des dimensions fortes d’aménagement en mêlant toujours plus étroitement les usagers, les habitants, les citoyens, des projets coconstruits, dans lesquels les femmes ont toute leur place.
Le regard croisé de nos 2 invitées de marque avec un bagage et un parcours riche d’expériences et d’anecdotes sur l’évolution du transport et de la mobilité !
Comment avez-vous vécu votre parcours en tant que femmes ?
CD : dans les métiers de l’infrastructure, j’étais la seule femme, alors que sur le sujet de la mobilité nous étions plus nombreuses. Notre place est faite désormais dans le management de service technique. A la métropole, les femmes qui ont pris des services difficiles ont eu ce courage de relever le défi autrement, question de posture.
NS : Les jeunes femmes qui arrivent dans ces métiers ne se posent plus de questions, les pionnières ont ouvert la voie et ont montré que de belles carrières sont possibles pour des jeunes femmes. Si l’entrée du parcours professionnel ne pose globalement plus de difficultés, il faut rester vigilant sur le déroulé et l’accès aux niveaux de responsabilité supérieurs. Entre plafond de verre, timidité de certaines femmes à se projeter dans les emplois de direction en se sentant légitimes, conciliation des carrières et de la vie de famille, il reste encore des freins à lever. Pour ce qui me concerne, j’ai évolué dans un monde encore assez masculin même si les filles y étaient parfaitement bien accueillies, mais c’est moins la différence de genre qui m’a surprise que l’âge moyen de mes interlocuteurs, globalement élevé. C’est donc, à l’époque, l’absence de jeunes dans les équipes qui m’a étonnée plus que l’absence de femmes.
La transformation des métiers de la mobilité, une opportunité professionnelle pour les femmes !
En quoi la formation a un rôle à jouer pour permettre à plus de femmes de se projeter et de se former dans les métiers des transports et de la mobilité : un champ professionnel encore assez masculin, mais un domaine surtout mal connu et mal identifié des jeunes hommes et femmes.
En effet, l’univers des transports et de la mobilité se transforme ce qui induit un défi pour un établissement d’enseignement car « il faut plusieurs années pour refondre en profondeur une maquette pédagogique qui va vivre ensuite quelques années. Il peut donc y avoir un décalage d’au moins 5 ans entre le début d’une réforme et sa concrétisation dans les enseignements et dans la formation des jeunes », nous précise Nadine Sulzer. Le recalage est donc permanent et nécessaire, cela passe par des points de contacts et d’échanges réguliers avec les entreprises et les employeurs pour bien comprendre les besoins et les transformations du secteur. Les entreprises, collectivités, exploitants, bureaux d’études ont tous un rôle important à jouer en investissant les établissements d’enseignement, en allant à la rencontre des jeunes, femmes et hommes et en les accueillant dans leurs structures. De ce point de vue, les stages sont des moments privilégiés. Les professionnels du secteur ont donc un rôle central à jouer pour nous aider à faire évoluer la formation et à l’adapter au mieux aux besoins et pratiques des entreprises et des services qui vont ensuite employer nos jeunes diplômés. On observe par exemple que les questions de mobilité ne se réduisent plus aujourd’hui au seul domaine des transports, mais que des acteurs comme par exemple les bailleurs sociaux, les aménageurs, les urbanistes contribuent aussi à faire bouger la profession et les usages. Ceci peut constituer une réelle opportunité pour attirer des filles, peut-être plus spontanément motivées par l’entrée aménagement que l’entrée transport, souvent assimilée aux seuls véhicules et sous un angle strictement technique (à nuancer toutefois car l’entrée technique peut aussi être un élément de motivation et de choix pour les filles, on le voit bien dans d’autres secteurs).
A l’ENTPE, les étudiantes représentent 40% des effectifs, ce qui est un chiffre élevé pour une école d’ingénieur dans nos champs professionnels, ce qui constitue une source de fierté pour l’établissement. Les raisons qui peuvent expliquer cet attrait des jeunes filles pour notre formation sont multiples : certaines viennent chercher le statut de fonctionnaire, d’autres sont sensibles à la voie d’approfondissement environnement car issues de prépa bio. Ce que nous pouvons observer, c’est qu’elles arrivent rarement avec pour projet de choisir la filière transport et que c’est seulement à l’issue de la 1ere année généraliste qu’elles vous apprendre et découvrir la diversité et la richesse des métiers du transport et de la mobilité et qu’elles vont le choisir. Il s’agit souvent pour elles d’une réelle découverte. La pédagogie pour montrer et convaincre est donc un effort important qui porte ses fruits et qui suppose de valoriser des exemples positifs de parcours et de figures inspirantes.
« Il y a une vingtaine d’années, les institutions recherchaient des compétences techniques sur la mobilité pour faire tourner des modèles, dimensionner les voiries et les parcours. Un saut incroyable a été fait sur ces sujets, nous indique Catherine David, car ce n’est plus cela les mobilités, ce sont désormais des usages que l’on traite ». Les nouveaux services de mobilité ont bouleversé les modèles, les compétences sont désormais différentes. « La technique compte toujours, c’est le métier historique donc essentiel mais pour autant c’est une évidence le métier strictement technique n’est plus envisageable » nous précise Catherine David. Il faut certes des données scientifiques pour alimenter les études essentielles pour dimensionner les infrastructures, mais ce n’est plus suffisant. La concertation, permettant une approche par les usages est un des enjeux actuels. L’essentiel est de comprendre un besoin, pour aboutir à l’objectif du projet.
Les compétences administratives sont aussi des métiers qui s’enrichissent : les cadres de partenariats ont fait évoluer les compétences juridiques et marketing, mais aussi les achats. Et c’est tout l’enjeu pour permettre aux formations d’intégrer ces nouvelles dimensions.
Le secteur du transport n’est pas le seul concerné par cette différence homme-femme, les métiers du traitement des déchets ou du bâtiment et des travaux publics également car ce sont des métiers exposés principalement par leur côté technique.
Du côté de la Métropole de Lyon, et des collectivités territoriales en générale, le statut aide beaucoup à faire venir les femmes, la compétence sociale également.
En mobilité l’action sur le comportement est un facteur majeur, de même que pour les sujets environnementaux. Les solutions, le travail sur l’aménagement et le social passent notamment par les changements de comportement. Et les femmes ont une capacité d’écoute et une facilité à travailler sur ces thématiques.
La vision des jeunes sur les métiers du transport et leurs usages
L’aspect générationnel joue également : la jeune génération n’a pas le même rapport que leurs ainé-es à la mobilité. Ce sont de gros consommateurs de mobilité, elle est naturelle et ils y sont habitués depuis leur plus jeune âge mais leur rapport aux modes de transport et notamment à la voiture individuelle est très différent. Ils ont parfois une approche très militante des transports autour des enjeux climatiques et des impacts environnementaux des déplacements et des infrastructures avec une forte appétence autour du développement des modes doux ou du covoiturage qu’ils plébiscitent. La jeune génération bouscule par son approche de la mobilité et de ses usages, qui doit être envisagée du point de vue des impacts et des solutions alternatives. Auparavant l’étudiant cherchait à mettre le plus de km possibles entre son lieu de stage et sa vie personnelle, ce n’est plus nécessairement le cas aujourd’hui. Les étudiants comment à interpeller les établissements de formation (peut-être demain les entreprises) sur les raisons et la motivation des déplacements qu’on leur demande d’effectuer pendant leur formation (stages, mobilité internationale obligatoire). Ils questionnent sur le pourquoi et la nécessité de devoir effectuer ces mobilités (lointaines) et bien sûr sur le comment, quels modes utiliser pour limiter son impact et le compenser. Ceci aura probablement des conséquences dans la manière de concevoir et de penser les infrastructures que cette génération aura à réaliser demain et interroge aussi sur leur intégration dans des équipes ayant une sensibilité différente à ces questions. Leurs comportements et leurs convictions personnelles vont-ils les faire envisager différemment leur mission et comment les employeurs vont-ils pouvoir les intégrer dans leurs collectifs ? De la même manière, la présence de femmes dans ces métiers fera également évoluer les projets, car elles amèneront leur vision et leur conception des projets là où auparavant il s’agissait principalement de visions d’hommes. La mixité est particulièrement importante pour permettre d’imaginer et de proposer des projets et des services de transport adaptés aux femmes et aux hommes et sortir du seul cadre technique et règlementaire.
La transformation des espaces publics
Côté innovation, la transformation de l’espace public a plutôt un cycle long du fait des études des concertations des constructions. La conséquence de l’évolution de la mobilité montre qu’il faut aller plus vite, et que ces nouvelles techniques de déplacement ont un atterrissage sur l’aménagement de l’espace public. Les « coronapistes » en sont un exemple récent. Une révolution complète de l’espace public pour aller plus vite, comme des expérimentations à moindre coût pour tester et aller chercher des choses faciles et réversibles. Cet exemple n’est pas sans conséquence sur les agents qui sont perturbés car ancrés dans les modèles qui mettent du temps. Les outils se réinventent avec des sujets juridiques, sécuritaires, et avec l’actualité : être confiné en milieu urbain a démontré que c’est aussi un espace où l’on veut désormais descendre discuter, attendre dans la rue, partager des rues piétonnes rues. L’aménagement a été percuté par cette crise. Les jeunes sont frustrés de voir les projets mettre 25 ans à aboutir.
Alors, comment intégrer dans les réflexions la dichotomie entre les jeunes qui veulent tout vite et le temps de la réflexion des élus. L’exemple des trottinettes et de leur vide juridique : une communauté urbaine n’a pas légitimité à empêcher un opérateur privé de s’installer. Le stationnement est le sujet qui a permis de règlementer l’installation, le code de la route avec la vitesse a aussi régulé les choses. Les collectivités territoriales n’ont pas encoure aboutis sur ces sujets-là, notamment sur le côté sécurité et sur l’action comportementale : ouvrir toutes les mobilités ne se fait qu’au travers de la sécurité.
Ces nouveaux services sont aussi d’énormes terrains de réflexion et d’intérêt pour les étudiants.
Le mouvement de balancier qui s’exerce actuellement est un peu à l’extrême et parfois caricatural s’agissant de la voiture parfois excessivement mise de côté pour des raisons environnementales tant la nouvelle génération envisage la mobilité différemment. Cette vision parfois extrême peut être compliquée et difficilement compatible avec les attentes et les besoins d’autres générations. L’enjeu est bien de concevoir des projets et de développer des infrastructures et des services adaptés aux besoins de tous. Les véhicules restent incontournables pour certains usages et certaines professions, qui font par ailleurs de gros efforts et investissent lourdement pour limiter et réduire leurs impacts environnementaux.
Autre remarque importante concernant la logistique qui est souvent oubliée dans les métiers du transport : ce secteur souffre d’une méconnaissance assez forte, il pourtant essentiel, notamment dans nos villes (la crise sanitaire l’a encore largement révélé). Le vélocargo a sa place mais ne répondra pas à tout. Ce métier n’est pas reconnu et valorisé, de la même manière qu’il faut aussi laisser la place aux services de la voirie, ou aux services de secours.
La solution est aussi dans le véhicule propre, dans la gestion mutualisée de l’espace public mais les véhicules ne doivent pas être oubliés car ils restent indispensables, et on ne pourra s’affranchir de cette mobilité.
Alors, comment former des gens dans cette accélération permanente ? Si l’entrée technique est incontournable et constitue un socle qui doit rester scientifiquement très solide, elle ne se suffit plus à elle-même. Il est devenu tout aussi nécessaire de savoir identifier et analyser les usages et les comportements des utilisateurs, comprendre les besoins et apporter les réponses techniques en conséquence, tout en étant en mesure de les expliquer et de les faire évoluer auprès des donneurs d’ordre comme des utilisateurs finaux.
Le savoir être devient central dans la formation car il s’agit de former aujourd’hui pour des métiers de demain, en apportant les briques pour que les étudiants et étudiantes sachent faire et surtout arrivent à s’adapter et à faire évoluer leurs pratiques. C’est l’équilibre entre le socle dur théorique et une certaine capacité à expérimenter pour montrer que l’agilité est centrale. L’enjeu de la formation est de faire grandir des hommes et des femmes qui pourront comprendre le monde de demain et répondre aux enjeux du moment. Les étudiants attendent beaucoup des enseignements sur l’environnement, les transitions et veulent plus de pratiques et d’enseignement dans ces domaines. Même si ces problématiques ont mis parfois du temps à exister en tant que telles dans les formations, les apports sont aujourd’hui nombreux, mais l’environnement est un sujet transversal et les étudiants ont du mal à faire le lien entre les contributions et voir la cohérence dans les enseignements. C’est aux formations de s’améliorer pour assurer une plus grande lisibilité dans les parcours de formation, de trouver les bons équilibres pour préparer aux mieux aux métiers de demain. A très court terme, il s’agit déjà de répondre aux besoins actuels du secteur bousculé par des évolutions très rapides, endogènes au secteur ou complètement exogènes (impact de la crise COVID à moyen terme sur les comportements de mobilité par exemple).
Ce qui parait aujourd’hui bien établi est la diversité des métiers couverts par le transport et les mobilités, intégrant des dimensions fortes d’aménagement et toujours plus étroitement les usagers, les habitants, les citoyens à leur conception. Il s’agit de projets largement coconstruits, dans lesquels les femmes ont toute leur place. Ces approches plus métissées, plus croisées, plus agiles doivent désormais intégrer pleinement les formations.