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Soirée exceptionnelle avec Laurianne Rossi

Les réponses de Laurianne Rossi aux 5 questions de Femmes en Mouvement :

Quels sont les enjeux de la mobilité et des transports aujourd’hui ?

L’enjeu immédiat est celui lié à la crise sanitaire que nous vivons. Cette pandémie et la période de confinement auront des conséquences lourdes pour le secteur des mobilités et risquent d’affecter durablement tous les modes de transports. Nous devons veiller à ce que cette crise ne se traduise pas par un renoncement aux mobilités propres et durables. Au contraire, elle doit permettre de réaffirmer nos engagements en matière de transition écologique et solidaire.

Dans ce contexte, il est plus que jamais nécessaire de venir en aide au secteur des transports afin relever les défis dont nous avons fait notre priorité depuis 2017 : une solution de mobilité vertueuse pour tous et en tout point du territoire, des mobilités plus vertes et plus accessibles, investir et développer prioritairement les transports du quotidien.

Ces objectifs doivent permettre de relever le défi social du transport qui demeure un marqueur fort des inégalités sociales et territoriales.

 

Quelle est votre vision de la mobilité à l’horizon + 5 ans ?

Nous sommes dans un contexte inédit de crise sanitaire qui se double d’une crise économique. La priorité à court terme est de sauver les acteurs des transports, leurs emplois directs et indirects ainsi que leurs savoir-faire quel que soit le mode (aérien, ferroviaire, routier, maritime, fluvial, transports publics).

Pour autant, la crise ne doit pas obérer les efforts inédits déployés au service des mobilités propres, durables et inclusives, en fidélité aux engagements pris auprès des Français dans le cadre de la loi d’orientation des mobilités. Notre ambition doit demeurer la même :

  • Développer une offre de mobilités moins polluante, intermodale, équitablement répartie sur l’ensemble du territoire et socialement accessible ;

  • Bâtir une politique des mobilités autour des besoins, des flux et des usages, et non plus exclusivement autour des projets d’infrastructures ;

  • Déployer des moyens et des infrastructures de transports respectueux de notre environnement et de notre cadre de vie, en termes de qualité de l’air comme de pollution sonore.

 

La mixité est-elle un enjeu au sein de votre organisation ? Et si oui, à quels niveaux ? 

Plus qu’aucune autre organisation, le Parlement se doit d’être représentatif de la société et de sa mixité. Il aura pourtant fallu attendre 1997 pour que les femmes puissent représenter à peine plus de 10% des députés. En 2017, ce sont ainsi 224 femmes qui ont été élues députées, soit 38,8% de l’Assemblée nationale (26,9% lors de la précédente législature). Le volontarisme des partis politiques en la matière est décisif : en décidant d’investir autant d’hommes que de femmes sur des circonscriptions gagnables, La République en Marche a réussi à obtenir presque autant de femmes que d’hommes élus et dispose désormais d’un groupe parlementaire quasi paritaire. L’exigence de mixité est également un enjeu sur le plan fonctionnel au sein de l’Assemblée nationale, dont je suis Questeure (la 4e femme seulement depuis 1803…) et membre du Bureau. La répartition des postes à responsabilités – au sein du Bureau de l’Assemblée nationale, des commissions et des groupes parlementaires – mais aussi des temps de parole a encore des progrès à faire en matière de parité.

 

Un de nos engagements est de promouvoir une mobilité inclusive. Avez-vous en tête des mesures ou des politiques publiques inspirantes ?

La mobilité inclusive ne doit, par définition, oublier personne sur le bord du chemin. C’est tout le sens de la fin de la dépendance à la voiture individuelle, qui est une problématique environnementale mais également sociale. De nombreux Français n’ont pas accès à la voiture pour des raisons financières ou d’autonomie, et ne disposent pas pour autant d’une solution alternative pour se déplacer. Il n’est pas acceptable, en 2020, que certains territoires, certaines villes, certains quartiers restent enclavés car dépourvus de toute offre de transports. Ces inégalités face à la mobilité constituent une fracture vers l’emploi, la vie sociale et un épanouissement personnel.

C’est cela que nous avons souhaité corriger, en développant les transports du quotidien, en faisant diminuer le prix du permis de conduire, en aidant massivement à l’achat de véhicules moins polluants, en déployant le forfait mobilités durables pour soutenir notamment le covoiturage et l’usage du vélo. Le plan vélo et les mesures récemment mises en œuvre (dispositif du Coup de pouce Vélo, dont le budget a récemment été triplé) doivent permettre d’augmenter la part modale du vélo et de construire les aménagements nécessaires au développement de cette pratique.

Cependant, toutes les solutions d’avenir ne relèvent pas de la loi : nos territoires s’emparent du sujet et regorgent d’initiatives telles que le transport à la demande ou la mutualisation des transports scolaires.

Enfin, la mobilité inclusive passe par des déplacements sécurisés pour tous, notamment les femmes. Dans le cadre de la LOM, je suis fière d’avoir fait adopter un amendement généralisant l’expérimentation des arrêts de bus à la demande sur le parcours des bus de nuit. Cela permettra de rapprocher les usagers au plus près de leur domicile et de donner davantage confiance dans les transports de nuit.

 

Etre une femme dans le domaine des transports : un atout ? Une barrière ? Quelle est votre expérience ?

Le secteur des transports demeure très masculin, tant au sein des entreprises du secteur que chez les décideurs politiques impliqués sur le sujet. Les entreprises du transport et des mobilités sont peuplées d’ingénieurs, pour la plupart des hommes. A titre d’exemple, la SNCF compte seulement 20% de femmes dans ses effectifs, 12,6% chez SNCF Réseau. Cela doit nous interroger sur la féminisation de ces métiers et des filières de formation. Des efforts sont faits en matière de recrutement mais nous avons encore beaucoup de retard et un déficit de candidates. Votre association, comme d’autres réseaux féminins, peuvent aider à changer la donne. Être une femme dans les transports ce n’est ni un atout, ni une barrière. Cela devrait être naturel. Les personnes qui dirigent les transports devraient ressembler à ceux et celles qui les empruntent chaque jour. Les transports sont le miroir de notre société ! La situation évolue, lentement. Nous ne manquons pourtant pas d’expertes et d’élues sur les sujets de mobilité, ainsi que de femmes dirigeantes de talent comme Catherine Guillouard (RATP) ou Anne Rigail (Air France).

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