Synthèse de l’apéro avec Cécile Michel
Cécile Michel, au Velcroc, le 17 mars 2025
Un engagement associatif et politique en faveur des mobilités
Lors de l’apéro lyonnais du 17 mars au Velcroc, Cécile Michel a partagé son parcours et son engagement en faveur d’une mobilité plus juste et efficace. Son témoignage illustre comment une expérience personnelle d’usagère peut se transformer en un engagement associatif, puis en une implication politique au service de l’intérêt général.
Un engagement ancré dans le quotidien
« Je suis tombée dans la question des mobilités il y a longtemps », indique Cécile Michel. Dès ses études en droit public, avec une orientation vers les droits humains, elle s’intéresse aux enjeux de déplacements. Mais c’est véritablement à travers son engagement dans une association d’éducation populaire qu’elle découvre en 2011 la problématique des mobilités en milieu rural. Cette prise de conscience s’ancre dans sa propre expérience d’usagère quotidienne sur la ligne de TER reliant le sud de Vienne à Lyon.
Face aux dysfonctionnements et aux difficultés vécues par les usagers, elle décide de s’investir davantage. En 2017, elle reprend, avec une amie, la gouvernance d’une association d’usagers du TER de la vallée du Rhône, alors en sommeil. Cet engagement l’amène à se familiariser avec le fonctionnement du système ferroviaire, son vocabulaire technique, et l’écosystème des acteurs gravitant autour du ferroviaire et des TER : la FNAUT (qui rassemble les associations d'usagers), la SNCF et la Région.
Participer aux comités de ligne, dialoguer avec les décideurs, comprendre les contraintes techniques et budgétaires : autant d’éléments qui structurent son action. « Quand on est dans un comité technique avec la SNCF, on parle fréquences de train, horaires, connexions. Avec la Région, c’est une approche plus territoriale » explique-t-elle.
Ce travail associatif a permis d'obtenir des avancées tangibles. L'un des succès majeurs concerne la prise en compte de "l'emport des trains" (le nombre de voyageurs dans un train à un moment donné) dans la nouvelle convention TER-SNCF passée fin 2023.
"C'est bien beau de faire des ratios, des calculs qui disaient qu'il n'y avait pas de problématique d'emport au-delà du raisonnable. Sauf que quand on rapporte cela à l'expérience usager, quand les problèmes d'emport sont systématiquement en heure de pointe, on atteint des ratios assez phénoménaux et une saturation des rames ». Cette victoire illustre l'importance de faire entendre la voix des usagers pour compléter les approches purement techniques/statistiques.
Faire entendre la voix des femmes
L'une des particularités de son engagement réside dans son approche différente de celle des "techniciens" - souvent des hommes - qui connaissent le matériel dans les moindres détails. « Dans les instances de concertation, il y a peu de femmes. Et souvent, le débat reste très technique, ce qui peut exclure des approches plus pragmatiques du quotidien des usagers ». Cécile défend une approche plus inclusive, où la diversité des usagers – parents, personnes en situation de handicap, cyclistes – doit être prise en compte dans la conception des services de transport. « Un système de mobilité pensé par des gens divers répondra mieux aux besoins de tous » confirme Noémie Bercoff, animatrice du débat et administratrice de Femmes en Mouvement.
De l’associatif à l’engagement politique
Forte de son engagement associatif, Cécile Michel franchit une nouvelle étape en 2021 en étant élue conseillère régionale avec les écologistes. Elle prend en charge la thématique des transports au sein de son groupe. « Mon expérience au sein de l'association des usagers du TER a été déterminante dans ma capacité à avoir un regard sur les politiques publiques régionales » estime-t-elle.
Dans son mandat d'opposition, elle s'attache à défendre une vision des mobilités structurée autour des transports publics, face à une majorité qu'elle perçoit comme privilégiant le routier individuel. « Un combat qui n'est pas simple, tant les positions sont souvent caricaturées » regrette-t-elle.
« Il est difficile de faire entendre qu’en tant qu’écologistes, nous ne sommes pas opposés à la voiture, mais que selon nous, l’investissement public régional doit prioritairement aller vers le transport collectif ». Face aux enjeux climatiques et sociaux, elle plaide pour une politique régionale volontariste en matière de transports publics.
Par ailleurs, elle regrette un manque d’ambition dans la politique régionale actuelle, trop tournée vers une vision à long terme (horizon 2035) sans répondre aux besoins immédiats des usagers.
Parmi les autres défis à relever, Cécile Michel évoque la place du vélo dans les TER, « largement insuffisante et mal organisée ». Que ce soit pour les trajets quotidiens ou le tourisme, elle est favorable à une meilleure place du vélo dans les trains, en s’inspirant des bonnes pratiques observées en Suisse ou en Italie. Selon elle, l’enjeu n’est pas uniquement de mettre les vélos dans les trains, il faut améliorer le stationnement en gare, mais pour certains usagers, c’est indispensable.
En 2024, Cécile a ressenti le besoin de retrouver un rôle plus concret en parallèle de son mandat. Après avoir exploré un projet autour de l’alimentation locale, elle dirige aujourd’hui une association, Tim & Colette, dédiée à la cohabitation intergénérationnelle et solidaire à Lyon. « L’intérêt général reste mon fil rouge, que ce soit dans les transports, le logement ou l’alimentation ».
Son parcours illustre comment l'expérience d'usager, lorsqu'elle est collectivement organisée, peut influencer les politiques publiques et améliorer concrètement les conditions de transport du quotidien.