Synthèse de l’événement avec Elise Cabrol et Camille Riebbels
Mercredi 10 avril 2024, l’antenne lyonnaise a invité Elise Cabrol, Directrice territoriale Lyon Métropole d’Enedis et Camille Riebbels, Cheffe d’agence Intervention Lyon Métropole d’Enedis. Après avoir présenté leurs parcours professionnels, elles ont détaillé la contribution d’Enedis à la décarbonation des mobilités. L’événement a eu lieu au siège de la direction régionale d’Enedis.
Elise Cabrol, 45 ans, est Directrice territoriale Lyon Métropole d’Enedis depuis plus de 3 ans. Elise Cabrol a une formation d’ingénieure (Supélec) complétée par Sciences-Po Paris. « Tout au long de ma carrière, j’ai essayé d’occuper des postes qui avaient non seulement une dimension technique mais également sociétale et organisationnelle forte » explique-t-elle. Elle a débuté chez EDF, dans le secteur nucléaire, avant de rejoindre ERDF pour piloter le projet Linky en Région Centre Val de Loire, prévoyant le déploiement de 35 millions de compteurs. « Au-delà des enjeux techniques de Linky, il a fallu gérer l’impact social qui a été important, voire mouvementé » se souvient-elle. Elle devient ensuite Adjointe au directeur régional en charge des Opérations en région Centre Val de Loire. « Un poste de management « intensif », avec une forte composante « conduite du changement » et à distance, puisque mes équipes étaient sur le terrain ». Enfin, elle rejoint Lyon pour son poste actuel, avec en ligne de mire la renégociation du contrat de concession qui lie Enedis à la Métropole de Lyon. Celui-ci a été signé en avril 2022 pour une durée de 20 ans.
Camille Riebbels, 32 ans, est cheffe d’agence Intervention Lyon Métropole au sein d’Enedis. Après Sciences-Po Paris, elle intègre EDF, d’abord à la direction commerciale à Cherbourg, comme manager opérationnel. « Un poste exigeant mais passionnant » estime-t-elle. Puis, elle revient à Paris à la DRH de la Direction commerciale, où elle pilote des projets en gestion des compétences. Elle souhaite ensuite revenir à des fonctions plus opérationnelles et rejoint la direction régionale d’Enedis à Lyon, en charge des relations avec les collectivités territoriales. « Lorsque je suis arrivée, je ne savais pas ce qu’était un câble de réseau, reconnaît-elle avec franchise. Mais nous sommes très bien accompagnés pour monter en compétence. La transmission par les supérieurs hiérarchiques et les collègues est ancrée dans la culture d’Enedis ». Trois ans après, elle devient Cheffe d’agence intervention Lyon Métropole, qui compte 162 salariés dont 90% d’hommes.
Elise Cabrol et Camille Riebbels ont évoqué les enjeux d’électrification des mobilités spécifiques au territoire lyonnais.
« Accompagner la décarbonation des mobilités constitue un enjeu majeur pour Enedis » explique Elise Cabrol. Pour rappel, Enedis est le gestionnaire du réseau électrique français dans le cadre d'une délégation de service public. Son rôle est de maintenir et de développer le réseau de distribution d'électricité. Point important : l’Etat garantit la solidarité entre les territoires, en proposant une formule tarifaire d’acheminement de l’électricité identique dans toute la France (le TURPE), quelle que soit la distance parcourue par le réseau de distribution pour acheminer l’électricité. « Cette solidarité zones rurales/zones urbaines reste pleinement d’actualité en termes d’investissement » souligne Elise Cabrol.
« L’électricité représente 25% du vecteur énergétique global consommé en France, rappelle Elise Cabrol. L’objectif fixé par la SNBC (Stratégie Nationale Bas-Carbone) est d’atteindre 55% en 2050 ». En France, l’électricité est très largement bas carbone, car d’origine nucléaire, photovoltaïque, hydraulique ou biomasse. L’objectif est donc d’utiliser l’électricité pour de nouveaux usages (notamment dans le domaine de la mobilité).
« Une grande partie de l’augmentation de la consommation électrique en lien avec des nouveaux usages va être compensée par la baisse des usages existants grâce aux efforts de sobriété menés, dans le bâtiment notamment, indique Elise Cabrol. On prévoit une augmentation d’1% par an. Un chiffre non négligeable mais pas insurmontable ».
L’enjeu pour Enedis à échelle nationale est triple :
Moderniser le réseau public de distribution
Raccorder les énergies renouvelables au réseau public de distribution
Déployer des infrastructures de recharge pour les véhicules électriques sur la voie publique et dans les copropriétés.
« La métropole de Lyon utilise plusieurs leviers pour décarboner les mobilités » indique-t-elle. On peut citer : le développement des transports en commun, notamment de nouvelles lignes de tram planifiées par SYTRAL Mobilités, l’électrification de la mobilité fluviale mise en œuvre par VNF, le développement des vélos électriques, etc.
Quelques chiffres concernant l’investissement d’Enedis pour être au rendez-vous des ambitions du plan de mandat porté par SYTRAL Mobilités : 23,2 millions d’euros d’investissement, 68 km de réseau à dévoyer dont 85% en 2 ans et 12 Equivalents Temps Plein mobilisés en 2023.
La création de nouvelles lignes de transports en commun, comme les trams, implique des travaux préparatoires de dévoiement de réseaux sous maîtrise d’ouvrage d’Enedis afin de déplacer les câbles électriques qui sont sous les voies des futurs trams. Cela nécessite de se mettre en lien et de se coordonner avec les autres gestionnaires de réseau (eau, gaz, télécoms, etc.). Pour faire face à ce pic d’activité, Enedis a mobilisé des salariés des départements limitrophes et a conçu un programme de formation spécifique Afin de répondre aux enjeux de sécurité qui sont très importants. « En effet, ce n’est pas du tout pareil de travailler sur le réseau d’électricité en milieu hyperurbain ou en milieu rural » indique Camille Riebbels.
Autre exemple de dossier technique piloté par Enedis dans le champ des mobilités : les raccordements des bornes de recharge des bus électriques qui doivent se recharger la nuit, entre minuit et 4 heures du matin, et la nécessité de prévoir des solutions de secours.
La question du dimensionnement du réseau électrique dans le cadre plus général de l’électrification des mobilités individuelles a également été abordé. « Le pic de consommation a lieu à 19h lorsque les gens rentrent chez eux » rappelle Camille Riebbels. Quid des véhicules électriques qui seront sans doute rechargés à cette heure-ci ? « Enedis réfléchit à des solutions techniques pour décaler la consommation en dehors du pic et faire en sorte que la recharge se fasse plus tard dans la nuit». D’où l’importance de travailler de façon collective sur ces enjeux.
La question du stockage de l’électricité est également très importante. Il y a des modèles économiques à construire pour créer des moyens de stockage de l’électricité produite en quantité par les énergies renouvelables. « Parvenir à bénéficier de capacité de stockage massive aurait beaucoup de valeur à la fois pour les clients, les producteurs et le réseau de distribution » indique Elise Cabrol. Les véhicules to grid sont l’un de ces modèles. La flexibilité peut également venir compléter le panel de solutions. Car le stockage ne remplit à datequ’une infime partie des besoins d’optimisation de la consommation électrique sur le territoire.
« Au niveau du territoire, nous expérimentons depuis plusieurs années des solutions de flexibilité locale, aussi appelées smart grids » indique Elise Cabrol. Celles-ci contribuent à équilibrer injections et soutirages d’électricité en cas de surplus de production ou de pénurie et d’optimiser l’utilisation de l’électricité locale. Elles consistent à moduler temporairement la puissance électrique d’une ou plusieurs installations : bâtiments à énergie positive, dispositif collectif d’autoconsommation, bornes de recharge de véhicule électrique, écoquartier.
Pour conclure, les deux femmes ont rappelé les enjeux de mixité dans leur secteur d’activité. « Chez Enedis, il y a 80% d’hommes et 20% de femmes, et dans les équipes opérationnelles, c’est encore plus déséquilibré », rappelle Camille Riebbels. Les enjeux de recrutement pour Enedis sont importants, notamment de personnes titulaires de bac ou de BTS électrotechnique. « Mais les femmes dans cette spécialité sont quasi-absentes » constate-t-elle. Enedis mène des actions de sensibilisation à ses métiers dans des collèges et lycées. « C’est dès la petite enfance, qu’il faut sensibiliser les enfants au secteur technique » estiment les deux intervenantes.
« Au niveau des Comités de direction régionaux d’Enedis, la part des femmes est en progression (30% en 2023), mais il faut aller plus loin » estime Elise Cabrol. Car il est prouvé que les environnements mixtes dégagent davantage de performance ».