Retour sur la table ronde dédiée à Urbanloop
Nos trois invitées assises au premier rang : de gauche à droite, Clémentine Barbier, Solenn Boulier et Noémie Bercoff.
L’union fait l’efficacité
Le 14 novembre dernier, Femmes en Mouvement a organisé un événement consacré à Urbanloop, un projet innovant de transport autonome sur rails, à faible consommation énergétique. Cette table ronde, en présence de représentantes de l’industriel, de l’opérateur et de la collectivité, a permis de revenir sur l’expérimentation de ce système unique, qui a fait ses premiers trajets à l’occasion des Jeux Olympiques de Paris 2024. Urbanloop, en consortium avec Keolis et la collectivité de Saint-Quentin-en-Yvelines, a assuré la desserte de la plus grande fan zone du département, avec 10 capsules accueillant 2 personnes chacune et transportant près de 10 000 passagers.
Présentation des intervenantes
Noémie Bercoff : Diriger avec vision et inspirer ses équipes
Juriste de formation et experte en mobilité, Noémie a travaillé pendant 15 ans dans l’ingénierie, notamment chez Egis. « J’ai eu envie de bouger, soit chez l’industriel, soit chez l’exploitant. J’ai choisi l’industriel et je ne regrette pas ! J’apprends plein de choses » explique-t-elle. Urbanloop est venue la chercher, et elle a passé 2 jours sur place pour mieux appréhender l’entreprise et son concept innovant avant de se décider. « En tant que directrice générale, je suis une patronne inspirée et j’essaye d’être inspirante pour mes équipes, de leur proposer des parcours et de leur apporter une vision à 5 ans ».
Elle a partagé son expérience de leadership dans le développement de cette solution de transport décarbonée et autonome. Noémie a détaillé les spécificités d’Urbanloop : un système léger, sans conducteur, électrique, et sans infrastructure lourde. Objectif : contribuer à la décarbonation du secteur des transports, qui représente plus de 30% des émissions de gaz à effet de serre en France (dont plus de la moitié par les voitures individuelles). Urbanloop, qui transportera potentiellement 2 500 personnes par heure (avec des capsules de 6 personnes, roulant jusqu’à 50km/h), est actuellement en phase de pré-industrialisation, avec la production de capsules et la recherche de fabricants pour les produire en série.
Solenn Boulier : Innover pour les collectivités
Solenn travaille en collectivités territoriales depuis quelques années, avec une appétence pour les sujets de mobilité. Depuis 3 ans, elle est en charge des mobilités innovantes sur le territoire de Saint-Quentin-en-Yvelines, incluant les véhicules autonomes, l’autopartage et le service Urbanloop. Elle recherche également de nouvelles expérimentations pour satisfaire les besoins des habitants et des salariés de SQY.
Elle a débuté dans une collectivité rurale dans le sud des Yvelines, mais a trouvé son épanouissement à Saint-Quentin-en-Yvelines, « terre d’innovations ». « En 2021, nous voulions intégrer un transport innovant à St Quentin en Yvelines. Nos élus nous ont suivi très rapidement lorsque nous leur avons proposé la solution Urbanloop ». Elle a expliqué comment la collectivité a soutenu l’intégration d'Urbanloop dans le cadre des Jeux Olympiques, pour desservir des zones clés telles que le vélodrome et la base de loisirs. Elle a décrit les défis techniques et environnementaux, notamment la gestion des contraintes liées à la faune et à la flore. Elle a enfin évoqué les retours positifs des usagers, avec une satisfaction de 3,8/4, et l’ambition de pérenniser ce mode de transport innovant dans la région.
Clémentine Barbier : Mobilité autonome et sécurité
Après des études d’ingénieure en génie civil et transport à Lyon et Montréal, Clémentine Barbier a rejoint Keolis où elle a géré des services de transport en commun pendant 6 ans. Depuis un an, elle est responsable de la mobilité autonome, aussi bien sur route (navettes ou bus automatisés) que sur rail léger avec le projet Urbanloop.
Chez Keolis, Clémentine s’assure que les capsules Urbanloop fonctionnent correctement, que les passagers sont accueillis en toute sécurité. L’exploitation est supervisée à distance. « Nous devons écrire les procédures de maintenance et d’exploitation, et prévoir l’imprévisible. Former nos agents est crucial ». Elle a également évoqué les défis de l’implantation de systèmes de transport autonome, notamment en termes de sécurité et de réglementation, ainsi que l’importance d’accompagner les usagers pour favoriser l’acceptation de cette nouvelle technologie.
Elle est également membre du réseau de femmes de Keolis et de Femmes en Mouvement depuis 2 ans.
Conclusion : Il y a eu un alignement des planètes qui a permis le succès d’Urbanloop : une collectivité innovante et audacieuse, plus l’effet JO très puissant. « La mayonnaise a pris car les énergies et les envies de toutes les parties prenantes se sont réunies » résume Noémie.
Autre message fort : « Quand on écoute les femmes, on aide aussi les hommes », soulignent les trois femmes, rappelant l’importance de répondre à leurs attentes (citant l’exemple de l’installation de toilettes dans la station de maintenance d’Urbanloop, exemple qui peut sembler trivial, mais qui est pourtant loin d’être anodin) et d’avoir une approche inclusive, particulièrement pour les personnes âgées ou les personnes en situation de handicap.
Un projet innovant au service de la décarbonation
Urbanloop représente une alternative novatrice et flexible aux transports traditionnels. Avec ses capsules autonomes, légères et écologiques, il peut offrir une solution adaptée aux zones périurbaines et rurales, ainsi qu’aux sites touristiques, hôpitaux, universités ou encore parcs d’attraction. Les capsules peuvent aussi être utiles pour faire de l’intermodalité.
Comparé aux autres infrastructures de transport public, comme les métros ou tramways, Urbanloop présente des coûts bien inférieurs, avec des coûts de construction variant de 1 à 4 millions d’euros par kilomètre, contre 100 millions d’euros par kilomètre pour un métro et 20 millions pour un tram.
L’un des atouts majeurs d’Urbanloop est sa flexibilité : les capsules peuvent circuler à la demande, sans besoin de réservation, et sont adaptées aux personnes âgées ou peu technophiles. Ce système permet également de transporter des colis en dehors des heures de pointe, répondant ainsi à des besoins logistiques des entreprises en complément du transport de passagers.
Perspectives pour Urbanloop
L’homologation d’Urbanloop, qui est tombée pile quelques jours avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, lui ouvre de nouvelles perspectives et renforce la crédibilité du projet auprès des partenaires potentiels. Fort de son succès à Saint-Quentin-en-Yvelines, le projet Urbanloop se développe et recrute de nouveaux salariés (actuellement l’équipe compte une vingtaine de femmes et d’hommes). La métropole du Grand Nancy a déjà adopté la solution Urbanloop avec une ligne commerciale prévue à l’horizon 2027-2028, reliant Maxéville au centre-ville de Nancy.
A retenir : Cet événement organisé par Femmes en Mouvement a permis de mettre en lumière les succès et les défis de l’expérimentation Urbanloop, en soulignant l’importance de l’innovation et de la collaboration pour construire les mobilités de demain, toutes complémentaires les unes des autres. La prise en compte des retours des usagères et des usagers et des besoins des différentes parties prenantes permet d’innover de manière durable et efficace.